« Garder nos eaux sur le territoire »

Le Syndicat Intercommunal d’Assainissement de la Haute vallée de l’Yzeron (SIAHVY) finalise son schéma directeur d’assainissement pour les 10 prochaines années. Un document qui se veut ambitieux et innovant. Safi Boukacem, Président du SIAHVY et Vice-Président du SAGYRC, en charge du Plan de Gestion de la Ressource en Eau, en parle.

Quels sont les principes qui fondent ce nouveau schéma directeur d’assainissement ?

Le secteur couvert par le Schéma Directeur d’Assainissement concerne 6 des 8 communes de la Communauté de Communes des Vallons du Lyonnais, qui sont sur le bassin versant de l’Yzeron : Brindas, Grézieu-la-Varenne, Pollionnay, Sainte Consorce, Vaugneray, et Yzeron. Ce territoire accueille 23 000 habitants et se développe rapidement, il faut donc prévoir l’entretien et l’extension des réseaux d’assainissement. Aujourd’hui, nous avons 140 kms de réseaux, dont la moitié est en unitaire, c’est à dire que les eaux usées et les eaux pluviales sont gérées ensemble. L’un des premiers principes du schéma directeur est de privilégier la déconnexion des eaux pluviales de ces réseaux, notamment sur tous les projets d’extension. Le second est de réparer les réseaux existants pour les rendre totalement étanches et éviter que les eaux pluviales ne soient drainées par les réseaux d’eaux usées. Sur certains réseaux, nous avons mesuré plus de 70% d’eaux claires parasites. Ces eaux n’ont pas vocation à être dirigées vers les stations de traitement des eaux usées, elles doivent être rendues au milieu naturel, car nos rivières sont en déficit hydrologique, et les épisodes de sécheresse que nous vivons depuis quelques années imposent de préserver les milieux.

En quoi ce schéma directeur est innovant ?

D’abord parce que le SIAVHY, qui est compétent sur l’assainissement collectif et non collectif, travaille avec les communes en charge de la gestion des eaux pluviales, avec la volonté de bâtir un projet global et cohérent, qui puisse générer des économies d’échelle. Ensuite, nous sommes extrêmement attentifs à l’enjeu milieux et cherchons toutes les solutions qui nous permettent de garder nos eaux sur le territoire et de les gérer « en circuit court ». Nous avons déjà développé trois stations de traitement des eaux usées équipées de filtres plantés de roseaux qui traitent 35 000 m3 par an, soit les besoins d’environ 1 500 personnes. Situées en tête de bassin, ces stations permettent de rendre les eaux traitées directement aux milieux, ce qui est bénéfique pour les cours d’eau et la faune, d’autant que l’on est sur des secteurs à forts enjeux de reproduction. Enfin, dans le cadre du Plan de Gestion de la Ressource en Eau, nous discutons de pistes qui pourraient être intéressantes comme, par exemple, de réutiliser des eaux usées traitées pour irriguer certaines cultures. Ces techniques, déjà testées dans d’autres pays, vont dans le sens d’une gestion globale et économe.

Quelles sont les prochaines étapes ?

Nous sommes actuellement en discussion avec les communes pour finaliser le Schéma directeur et valider un scénario d’investissement pour les 10 prochaines années, dont le montant s’établirait entre 13 et 15 millions d’€. Ensuite, il sera soumis pour avis à la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement – Police de L’Eau. Selon les actions retenues, nous aurons besoin de dérogations pour expérimenter et tester des solutions mais aussi pour bénéficier de subventions de l’Agence de l’Eau. L’objectif est de continuer d’investir en maîtrisant le prix de l’eau et optimiser sa gestion. La taille de notre Syndicat permet d’être agile et de déployer rapidement des innovations, qui génèrent des gains environnementaux et économiques.

Exemple de station à filtres plantés de roseaux à Yzeron

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