« Recréer de la biodiversité » : entretien avec la FRAPNA

« Recréer de la biodiversité»

Le site de Francheville où sera construit le futur barrage écrêteur de crues est relativement banal en termes de biodiversité. Le chantier va créer de nouveaux milieux naturels propices à l’implantation d’une faune et d’une flore plus diversifiée.

Entretien avec Yoann Vincent, Chargé de mission à la FRAPNA, Fédération Rhône-Alpes de Protection de la Nature.

En termes de biodiversité, quel est l’intérêt actuel du site où sera construit le barrage écrêteur de crues, à Francheville ?

Ce fond de vallon, frais et humide, est essentiellement couvert par la forêt. D’un point de vue naturaliste, ce site ne présente pas aujourd’hui d’enjeux majeurs. Un inventaire de la faune et de la flore a été réalisé par la FRAPNA (Fédération Rhône-Alpes de Protection de la Nature) et la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) en 2013-2014. Nous avons observé essentiellement des animaux que l’on peut rencontrer un peu partout dans ce type de milieu : des chevreuils, blaireaux, renards… Quelques espèces sont protégées, comme la salamandre et des chauves-souris, mais, à nouveau, elles sont relativement communes.

Quel impact le chantier peut-il avoir ?

Lors des travaux, nous serons particulièrement vigilants afin que ceux-ci ne perturbent pas la nidification des oiseaux, la reproduction des amphibiens ou l’hivernation des chauves-souris. Si les préconisations sont respectées autour du chantier et que les mesures compensatoires sont mises en place, on peut aboutir à des milieux plus riches et diversifiés et à davantage de biodiversité qu’auparavant.  C’est ce que nous avons été heureux de constater suite à des chantiers a priori très destructeurs comme ceux du Grand Stade ou de l’autoroute A 89.

Et ensuite, une fois le chantier achevé ?

Le déboisement partiel et l’extraction de matériaux va créer de nouveaux milieux : des zones de rochers, de falaises, des zones de prairies ouvertes… Ces espaces seront propices à l’implantation de nouvelles espèces et donc d’une faune et d’une flore plus diversifiée qu’aujourd’hui, avec l’arrivée possible d’espèces rares.

Comment se fait-il que ces rochers et prairies puissent présenter davantage de biodiversité que la forêt actuelle ?

Les lisières abritent des écosystèmes différents et parfois même plus intéressants que des massifs forestiers uniformes. La jonction entre les milieux, une prairie d’un côté, un bois de l’autre, offre à la faune plusieurs espaces au lieu d’un seul pour se nourrir, se reproduire, trouver refuge, etc. Certaines espèces sont mêmes spécifiques des zones de lisière dont certains rapaces, passereaux ou insectes.

Les falaises et affleurements rocheux sont par ailleurs appréciés d’oiseaux qui ne sont pas ou peu présents aujourd’hui sur le site, comme les martinets, les martins-pêcheurs ou les guépiers d’Europe.

Des zones humides vont être également créées à proximité de ce barrage écrêteur, quelle est leur fonction ?

Entre 1960 et 1990, la moitié des zones humides ont disparu en France. Ce sont des milieux rares et menacés. Or ces zones jouent le rôle d’éponges avec des fonctions d’épuration de l’eau et de régulation des débits, tout en étant des réservoirs de biodiversité. Le coût indirect de destruction de ces milieux est énorme, et donc la restauration ou la création de zones humides peut apporter beaucoup. 

Comment la nature reprend-elle ses droits après ce type de travaux ?

La nature est bien faite et réinvestit vite les nouveaux espaces, même après une perturbation importante. D’autant que le bassin versant de l’Yzeron a démontré une grande capacité de recolonisation de la faune qui est toujours revenue très rapidement, même après de fortes perturbations.

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