Urbanisation et inondations de l’Yzeron : quels liens ?

L’intensification des pluies observée depuis les années 70 serait la cause première des débordements de l’Yzeron et de ses affluents. Cette intensification se combine avec les caractéristiques naturelles du bassin : un sous-sol peu perméable et des reliefs marqués. Entretien avec Pascal Breil, chercheur en éco-hydrologie à l’IRSTEA, l’Institut de Recherche en Sciences et Technologies pour l’Environnement et l’Agriculture.

Quelles sont les caractéristiques physiques du bassin de l’Yzeron ?

Ce bassin stocke mal les eaux pluviales : son sous-sol est peu perméable, constitué de roches granitiques et de schistes. Il se caractérise également par de fortes pentes en amont et des vallées encaissées en aval. Les cours d’eau répondent ainsi très rapidement aux intempéries.

Le bassin a été longtemps dominé par l’agriculture : les sols cultivés libéraient une grande quantité de sédiments qui convergeaient vers les fonds de vallée. Avec la déprise agricole, les terres se sont recouvertes de forêts. Le système s’est déséquilibré : l’apport sédimentaire venu de l’amont n’a plus compensé les départs de matériaux vers l’aval. Ce déséquilibre est à l’origine de ces phénomènes d’incision, avec l’érosion des berges, la déstabilisation des routes le long des rives, etc. L’autre conséquence de l’incision est l’apparition de problèmes d’ensablement à l’aval de l’Yzeron et du Charbonnières.

Quels sont les conséquences de l’urbanisation du bassin versant ?

Les riverains font un parallèle entre l’urbanisation et l’augmentation des inondations. Si ces deux phénomènes ont été effectivement concomitants au cours des dernières décennies, nos recherches ont permis de démontrer que l’urbanisation n’est pas le principal facteur aggravant des crues.

L’imperméabilisation des sols tend à multiplier les petites crues annuelles, mais il faut que l’urbanisation dépasse 35 % à 40 % des surfaces pour qu’elle accroisse les crues importantes : cet effet est alors sensible à partir des crues décennales dans les secteurs exposés aux débordements.

Aujourd’hui, il existe des obligations d’infiltration ou de stockage temporaire des eaux de pluie pour compenser les nouvelles surfaces imperméabilisées. Les techniques et les réglementations existent. Bien appliquées, elles contribueront à limiter à l’avenir les conséquences de l’urbanisation.

Si l’urbanisation n’est pas la cause numéro 1 des débordements répétitifs de l’Yzeron, quelle en est l’autre cause ?

Depuis les années 70, les pluies se sont très nettement intensifiées : il pleut davantage sur des durées identiques. Ainsi si l’on compare les pluies des années 70 et 90 mesurées à la station météo-France de Bron, la pluie journalière décennale est passée de 65 à 80mm.

Sur un bassin versant qui a un faible potentiel de stockage, des précipitations de 80 ou 100 mm suffisent pour déclencher une crue rurale importante. Cette intensification des pluies a un impact plus fort sur les grandes crues que l’urbanisation actuelle du bassin versant.

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