Renouée du Japon : la lutte continue !

Les bords des rivières du bassin versant sont un terrain de conquête exceptionnel pour la renouée du Japon. Pour enrayer la progression de cette invasive, les techniciens du SAGYRC expérimentent techniques et stratégies, avec des résultats très encourageants.

 

La Renouée du Japon ou Renouée à feuilles pointues est une espèce originaire d’Asie orientale, naturalisée en Europe dans une grande diversité de milieux humides, où elle est devenue l’une des principales espèces invasives. Un résultat qui lui vaut d’être inscrite à la liste de l’Union internationale pour la conservation de la nature, parmi les 100 espèces les plus préoccupantes. C’est dire combien la lutte contre la renouée est essentielle pour maintenir une biodiversité, mais aussi très complexe tant cette plante regorge de vigueur et d’esprit colonisateur.

Trouver des concurrents efficaces

Au-delà de l’arrachage, qui est très fastidieux du fait d’un système de rhizomes très dense et profond développé par la plante, l’une des parades consiste à trouver une ou des espèces locales capables de concurrencer la renouée. Au cours des tests effectués ces dernières années, la ronce présente de bons potentiels. Cet hiver, de nouvelles espèces ont été plantées sur plusieurs parcelles tests d’une cinquantaine de m2 à Francheville. Parmi elles, la clématite sauvage, rampante et couvrante, qui peut contribuer à étouffer la progression de la renouée.. Autre plante prometteuse, le sureau yèble. Des études ont démontré que le système racinaire de cette plante annuelle émettait en se développant une substance très peu appréciée par la renouée qui limiterait sa reproduction et sa croissance. « Deux nouvelles parcelles sont en test avec le sureau yèble et la clématite. L’an prochain, nous expérimenterons aussi la semence d’orties sauvages après les campagnes d’arrachage, car nous avons constaté que là où leur progression était importante, la renouée régressait » explique Luc-Edern Lecoeur, technicien de rivière au SAGYRC. A suivre donc de près.

Bâchage et brûlage

A Oullins, un enrochement de berge contaminé par la renouée du Japon d’une cinquantaine de mètre de long a été bâché. La configuration de l’ouvrage, très lisse, a permis de bien plaquer la bâche et de limiter au maximum la reprise de l’espèce. La renouée, privée de lumière, ne peut reconstituer ses réserves et s’affaiblit. Pour renforcer les chances d’éradication, les bâches resteront encore en place sur la saison 2017-2018.

En complément du bâchage, une dizaine de campagne de brûlage ont été menées de juin à septembre sur un enrochement plus escarpé de 200 m2 situé à proximité. Une entreprise est ainsi passée tous les 15 jours pour brûler les jeunes repousses. L’idée était d’affaiblir au maximum la plante sur une saison végétative entière. La bonne nouvelle est arrivée au printemps 2017, où aucune reprise de la renouée n’est constatée à ce jour sur l’enrochement. « L’efficacité du brûlage est très encourageante, même si nous devons encore rester prudents, car la plante repousse parfois même après une « latence » importante. Nous étudions l’opportunité d’investir dans l’achat d’un brûleur thermique, car c’est un très bon moyen d’agir sur les secteurs où nous avons des enrochements et où nous ne pouvons pas faire un arrachage manuel efficace ». Comme le rappelle Luc-Edern Lecoeur « on avance dans la lutte, et on apprend à chaque saison ».

Ténacité et créativité sont sans aucun doute les clefs de cette « guerre d’usure ».

Start typing and press Enter to search