Et si on plantait autrement les arbres en ville ?

Une question discutée, à l’initiative du Sagyrc avec les services espaces verts des communes du bassin versant, venus découvrir une réalisation vieille de 20 ans à Tassin la Demi-Lune. Une plantation d’arbres le long d’une avenue, radicalement innovante à l’époque et très inspirante aujourd’hui où l’eau doit être utilisée avec beaucoup de modération.

En 1999, le Grand Lyon décide de tester de nouveaux modes de plantation d’arbres le long de la rue Professeur Deperet à Tassin la Demi-Lune. Au lieu d’arbres d’alignement, déjà développés, il plante de nombreux jeunes baliveaux, très serrés, principalement d’essences locales. Un baliveau est un très jeune arbre appelé à devenir un arbre de haute futaie. L’objectif recherché est avant tout esthétique. 20 ans après, les arbres se sont bien développés, et même si de nombreux éclaircissements ont été réalisés, la densité d’arbres reste bien supérieure à un alignement classique. Pour Laurent Berthier, responsable des espaces verts à Dardilly « cet aménagement était à l’époque très osé, aujourd’hui il nous inspire. Nous devons avec les contraintes du réchauffement climatique et la nécessité d’économiser l’eau développer des micro-forêts en ville, en partant de l’observation de la forêt naturelle, qui se débrouille très bien, sans aucune intervention humaine ».

L’intérêt des micro-forêts urbaines

En plantant des arbres très jeunes, avec une forte densité de plants, les avantages sont multiples : proches les uns des autres, les arbres vont communiquer, développer des solidarités, les plus faibles vont se sacrifier pour permettre aux plus forts de grandir. Ceux qui survivent gagnent en force et en capacité d’adaptation à leur environnement et notamment à la sécheresse. Le célèbre botaniste Akira Miyawaki a largement contribué à cette prise de conscience. Pour la forêt de la Duchère qu’il a conçue, sa démarche dite de génie écologique repose sur la sélection d’un grand nombre d’essences autochtones qui existaient avant l’intervention de l’homme sur le site de plantation, et sur la densité de plantation qui permettra l’émulation et la coopération entre ces essences. Dans le projet réalisé en 2020 au parc de Parilly, le choix des espèces a été fait en prenant en compte le réchauffement climatique c’est-à-dire en imaginant le climat lyonnais beaucoup plus chaud, mais avec des hivers très froids. Ici ce ne sont pas des jeunes baliveaux qui ont été plantés mais des semis (200 graines sur chacune des quatorze espèces) d’espèces méditerranéennes non gélives.

Depuis les expérimentations se multiplient. A l’image de cette micro-forêt plantée à Dardilly sur 600 m2 « Nous avons planté 580 baliveaux et 8 arbres en taille 18-20 cm, sur un merlon dont nous avons gardé toutes les couches de sols, à l’hiver 2019, et nous avons arrosé une seule fois en avril. Seul 2% des plants n’ont pas survécu. C’est très encourageant » précise Laurent Berthier.

Faire changer les représentations

La question de la pérennité des arbres plantés en ville est au cœur du sujet. Un arbre isolé doit être arrosé régulièrement pendant 4 ou 5 ans. Plus il est planté mature, plus sa reprise devra être surveillée, générant coûts et consommation d’eau. Le principe des micro-forêts est de miser sur le temps et les dynamiques naturelles pour économiser les ressources. Mais, comme le souligne Laurent Berthier, « en France on ne laisse pas le temps au temps, il faut tout de suite que les arbres plantés dans l’espace public soient développés. Il est urgent de faire évoluer les représentations, d’expliquer au public l’intérêt de planter jeune et dense et d’être capable de se projeter à 15-20 ans. Un arbre planté aujourd’hui, c’est pour les générations futures ». En tout état de cause, le stress hydrique que subit le bassin versant de l’Yzeron depuis quelques années, mobilise les communes, qui ont signé la « charte des communes ecEAUnomes ».

Les services espaces verts sont donc en marche pour réduire les consommations d’eau et développer de nouvelles pratiques en matière de plantations. Reste à rendre ces exigences compréhensibles et acceptables par le plus grand nombre !

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